Résurgence ce sont certes des chantiers de rénovation du patrimoine bâti du Vendômois et de ses vitraux, mais l'association s'est aussi impliquée âprement dans la conservation du patrimoine municipal de la ville de Vendôme. Le Quartier Rochambeau, sur lequel ont plané longtemps de lourdes menaces, en est un bel exemple.
Vous trouverez dans cet article les résumés annuels des actions menées de 1989 à 1997, extraits exhaustivement et sans retouche des bulletins de l'association à l'époque. Publiés depuis très longtemps pour l'assemblée générale annuelle (qui se tient en fin de premier trimestre), chacun de ces bulletins décrit les événements de l'année passée depuis la précédente AG. Sauf l'extrait du bulletin de 1994 qui résume les démarches en faveur du Quartier Rochambeau depuis 1989...
L'épilogue, vous le connaissez !
QUE FAUT-IL FAIRE
Ayant ouï-dire qu'un aménagement se préparait dans le Quartier Rochambeau à Vendôme, Résurgence en Vendômois écrivait en octobre 1989 à la Municipalité signalant l'intérêt du Grand Manège. Cette première intervention fut le début de toute une suite d'actions en faveur de la conservation du manège et des écuries attenantes.
Il s'agit là d'un bâtiment particulièrement notable sur le plan de l'histoire de Vendôme, mémoire de la ville, et sur le plan architectural de par sa charpente mixte bois—fer, dite de Polonceau, avec des possibilités d'utilisation exceptionnelles puisque d'une surface de 1400 m2 d'un seul tenant, de construction extrêmement solide et d'un bon état de conservation, hors la couverture.
Depuis 1989, sans interruption, conjointement avec la Société Archéologique, Perche Nature et l'association Alerte, nous sommes intervenus auprès des autorités locales, régionales, nationales (en particulier lettre au Ministre de la Culture J. LANG au début 1992), nous avons informé le public par la presse, la diffusion de tracts, organisé une exposition avec succès très notable etc. Une lueur d'espoir est apparue quand le Maire a créé une commission pour cette affaire et que la commission, en novembre 1992, concluait très favorablement à la conservation et à la réutilisation. Mais, parallèlement, notre proposition de concertation pour l'aménagement de la zone n'était pas acceptée.
Aujourd'hui [en février 1994 NDLR], qu'en est-il ? Ce qui est paru dans le bulletin municipal de septembre 1993, juste avant l'enquête d'utilité publique, tend à dévaloriser, voire gommer le manège qui n'aurait qu'une vie provisoire et détruit 5 des 6 écuries.
Nos nombreuses remarques sur l'urbanisation de cette zone ont toutes été rejetées. Alors...
Le sujet est trop grave pour le futur de Vendôme pour que nous soyons gagnés de lassitude et que nous abandonnions.
Le 17 janvier 1994, intervention auprès du Ministre de la Culture en fonction. Sa réponse donne à penser une reprise de ce dossier sous un angle différent correspondant à une réelle mise en valeur de la zone.
C'est maintenant notre intention d'aller au Tribunal Administratif pour un recours concernant l'enquête d'utilité publique relative au Quartier Rochambeau.
(Ce qui précède n'est qu'un survol éclair de toute une suite d'actions de la part des associations précitées).
QUARTIER ROCHAMBEAU - n-ième épisode
Mis à part les problèmes liés aux récentes inondations dont Vendôme a été victime, tout pourrait sembler normal dans le Quartier Rochambeau.
Pourtant !
L'avenir de l'ensemble manège et écuries passe par les projets d'urbanisme du Quartier. Une enquête d'utilité publique a été ouverte pour cette ZAC (Zone d'aménagement concertée). Or toute forme de concertation a été impossible tant avec la Municipalité qu'avec le commissaire enquêteur. Le 10 janvier nous avons écrit au Maire pour tenter un recours à l'amiable pour la prise en compte de nos remarques et donc pour l'annulation de la délibération du Conseil Municipal du 15 novembre 1993.
Réponse négative du Maire le 11 février 1994.
Nous avons donc été amenés à déposer, le 8 avril, un recours contentieux devant le Tribunal Administratif d'Orléans. Depuis les avocats des deux parties ont échangé plusieurs mémoires. Nous attendons la décision du Tribunal.
Rappelons ici l'avis défavorable exprimé sur le projet municipal par l'Architecte des Bâtiments de France (le Quartier Rochambeau est dans le site de l'abbatiale de la Trinité, établissement classé). En conséquence le Ministre de la Culture a fait valoir son « droit d'évocation » qui lui permet d'intervenir pour toute demande de permis de construire ou de démolir dans la zone.
(A notre connaissance, aucun permis n'a été déposé mis à part la nouvelle gendarmerie, destruction et construction, dont les autorisations ont été accordées de longue date, avant l'enquête publique.)
Dans notre précédent bulletin nous rappelions que la commission, mise en place par le Maire, concluait, en novembre 1992, à la conservation de l'ensemble manège et écuries. Pourquoi alors le refus de statuer définitivement sur leur sort ?
Nous avons pu obtenir que le dossier de protection (inscription à l'inventaire) soit rouvert et nous espérons une attitude positive de la Commission Régionale concernée, COREPHAE, à laquelle nous sommes prêts à apporter toutes informations souhaitées.
Parmi les villes de France ayant aujourd'hui l'avantage de posséder un ancien manège de cavalerie, Vendôme serait-elle la seule à vouloir le détruire ? Triste singularité.
Rappelons que pour la défense du Grand Manège et des écuries attenantes Résurgence agit en union avec la Sté Archéologique du Vendômois, Perche Nature et Alerte.
LE MANÈGE ET LE QUARTIER ROCHAMBEAU (SUITE)
Le 7 octobre 1995, journée du 25ème anniversaire de Résurgence à son arrivée à Vendôme Monsieur Fonquernie, représentant le Directeur du Patrimoine du Ministère de la Culture, fut accueilli par Madame le Sous-Préfet, accompagnée de Monsieur Chanet, Maire de Vendôme, et de tous nos hôtes officiels.
[...]
La visite du Grand Manège du Quartier Rochambeau nous donna l'occasion de rappeler que nous avons contesté le projet d'urbanisation de cette zone en raison des destructions envisagées. Le Ministère de la Culture ayant décidé de contrôler directement ce projet, Monsieur Gondrand, Architecte des Bâtiments de France pour le Loir-et-Cher, signala à Monsieur le Maire de Vendôme la nécessité de faire procéder rapidement aux travaux de confortement de l'édifice, faute de quoi celui-ci serait menacé de péril.
La protection du Manège (son inscription à l'inventaire) demandée par le Ministère de la Culture en 1994, nécessite l'avis d'une Commission Régionale, la COREPHAE. De curieux obstacles administratifs retardent cet avis. Résurgence reste en contact avec les différents partenaires concernés par cette affaire. Par courrier du 23 novembre 1995, le Maire de Vendôme nous a annoncé la mise à l'étude :
• par le Conseil Général, d'un "projet économique à vocation culturelle";
• par les Services Techniques de la Ville de Vendôme, du coût d'une stricte conservation.
Le projet d'urbanisation du Quartier Rochambeau dans le cadre d'une Zone d'Aménagement Concerté (ZAC) est, à notre connaissance, bloqué par le "droit d'évocation" du Ministère de la Culture : la ZAC se trouvant dans le périmètre de protection de l'Abbatiale de la Trinité, toute démolition ou construction est soumise à l'avis du Ministère. En avril 1994, Résurgence avait demandé au Tribunal Administratif d'Orléans l'annulation de cette ZAC.
Des échanges de mémoires ont eu lieu en 1995; sans résultat à ce jour.
Fin octobre 1995, la municipalité de Vendôme a décidé la mise à l'étude d'une "Zone de Protection du Patrimoine Urbain et Paysager (ZPPAUP, sigle à retenir !). Selon cette procédure, la municipalité et l'Architecte des Bâtiments de France collaborent pour :
• définir un périmètre de zone qui, dans notre cas, devrait évidemment inclure le Quartier Rochambeau;
• établir ensemble les règles d'urbanisme applicables à cette zone. Aidés par un "Chargé d'Études", ils travaillent avec divers partenaires : la population (enquête publique), les Préfets et Services de l'État départementaux et régionaux, le "Collège Régional du Patrimoine et des Sites".
L'étude d'une ZPPAU doit être, pour la ville, "l'occasion d'une réflexion la plus large possible sur son « patrimoine sous toutes ses formes »". Résurgence est, bien entendu, prête à participer à cette étude.
Cette procédure, nous a-t-on dit, a donné ailleurs (Quimper par exemple), d'heureux résultats. Puisse-t-il en être ainsi pour Vendôme !
Parlons pour commencer du Manège. En dépit des instructions du Ministère de la Culture, en janvier 1994 la proposition de "protection" (c'est à dire l'inscription à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques) n'a jamais depuis cette date été présentée à la commission régionale ad hoc (COREPHAE pour les initiés). Des blocages administratifs inexpliqués sont intervenus. Une des raisons nous paraît être l'attitude négative de la Mairie de Vendôme. En attentant, aucune étude de réutilisation n'a été engagée et les dégradations continuent.
En ce qui concerne le projet d'urbanisme du Quartier Rochambeau (zone d'aménagement concerté ZAC), rappelons que le Ministre de la Culture a fait valoir son droit "d'évocation" puisque l'on est dans un périmètre "protégé" (abords de la Trinité) c'est à dire que toute démolition ou construction doit être approuvée par Paris. A notre connaissance, deux autorisations de démolition assez mineurs ont été accordées récemment. Mais, bien sûr, dans l'espace conservé par la Défense Nationale, la nouvelle gendarmerie a été construite avec toutes les autorisations nécessaires.
En fait nous sommes maintenant dans un autre contexte puisque une Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP !) a été mise à l'étude en octobre 1995 par la Mairie. Elle doit prendre en compte, simultanément, tous les espaces protégés au titres des abords des Monuments Historiques donc au minimum le centre-ville (y compris le Quartier Rochambeau). Nous ne détaillerons pas cette procédure assez longue, mais il faut savoir que, selon l'esprit de cette réglementation, la Municipalité et l'Architecte des Monuments de France (basé à Blois) collaborent pour définir un périmètre de zone et dans ce périmètre établir les règles d'urbanisme et de protection des bâtiments. Pour conduire de projet un "chargé d'études" en l'occurrence un cabinet d'architecture de Nantes, a été nommé. Nous avons eu ici avec les trois architectes concernés une rencontre dans un climat d'amicale confiance où nous avons exprimé nos soucis et nos espoirs. Ils ont manifesté leur intérêt pour une concertation en temps opportun. Pour l'instant, ils ont adressé à la Mairie, à la mi-décembre, une sorte de rapport préliminaire dont nous espérons avoir connaissance.
Pour finir rappelons que, concernant la ZAC Rochambeau, nous avons déposé un recours en annulation devant le Tribunal Administratif d'Orléans le 8 avril 1994. Aux dernières nouvelles, selon notre avocat, une décision devrait être prise dans le premier trimestre 1997 (3 ans !).
A lire aussi
Documents externes :
- Un article passionnant, très complet et documenté de Gérard Ermisse : "Histoire du Grand Quartier de cavalerie de Vendôme : le Quartier Rochambeau" (PDF) in Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, année 2014, p. 129 à 147;
- Détail des inscriptions aux MH du Quartier Rochambeau, Notice Mérimée, ministère de la Culture.
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