Le Loir à Vendôme
LE CONNAISSEZ-VOUS VRAIMENT ?

On croise fréquemment le Loir quand on passe sur les nombreux ponts de Vendôme, sans être toujours conscient des méandres de son parcours en ville. Il a toujours été acteur et sujet d'influences avec les habitants, interactions qui en ont fait ce qu'il est et ce qu'est aujourd'hui le centre historique. Découvrez-donc le vrai Loir de nos jours et pourquoi il est devenu ainsi.

Cette carte (note 1) présente le cours complexe du Loir tel qu'il est aujourd'hui dans le centre historique de Vendôme : ses canaux ou rivières (note 2) et leur trentaine de dénominations différentes, mais aussi les îles qu'ils délimitent et les 19 ponts et passerelles avec leurs noms respectifs. Auriez-vous su tous les nommer et les situer ? Découvrez ces richesses souvent inconnues, cachées ou oubliées.

De sa séparation en deux canaux principaux à l'extrémité nord-est des Grands-Près, au confluent juste après les deux ponts des Etats-Unis à l'ouest du centre-ville il y a sensiblement 3,5 km à vol de poule d'eau. Les diverses autres séparations et confluences dans la ville, dessinent un cours d'environ 11 km à l'intérieur du centre. Soit 22 km de berges ! 

L'eau est indispensable à la vie, chacun le sait. A la vie de l'homme et de tous les animaux, mais aussi à de nombreuses activités humaines.

Rien d'étonnant donc à ce que l'on trouve à Vendôme de nombreuses interactions avec le Loir dans toute la ville. Il en reste de nos jours des traces de toutes sortes. 

En premier lieu, le Loir et ses différents canaux ont façonné la ville à partir de ses origines dès la première occupation du territoire. Les premiers habitants se sont installés logiquement au pied du château (ou de ses prémices) pour assurer leur protection et près de l'eau pour leur subsistance ainsi que leur protection rapprochée à l'intérieur de ces fossés naturels.

Mais l'Homme a aussi, de tous temps, façonné la rivière selon ses besoins. Au fil des siècles des canaux ont été creusés, d'autres comblés, d'autres encore couverts ou même déviés. Les berges ont été aménagées avec des constructions très variées. Les motivations de ces transformations ont été de plusieurs ordres :

  • pour ses besoins vitaux, donner l'accès à l'eau au plus près des habitations quand celles-ci ne pouvaient plus être construites sur une berge. On a alors créé des impasses et venelles lorsque c'était possible, mais les maisons des berges se sont aussi dotées d'un tel accès privé (ponton, porte, escalier...). Voire on a creusé de nouveaux canaux. Ainsi la Rivière du Pont Rondin, qui va du Pont Perrin à la Porte d'eau de Saint-Pierre-La-Motte est une ancienne rue;
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  • pour abreuver les animaux, qu'ils soient d'une basse-cour privée, ou plus tard ceux des foires bovines, ovines ou autres qui se tenaient dans différents espaces libres du centre-ville actuel (mais plus loin du Loir) des accès plus ou moins larges ont été nécessaires. Sans compter les nombreux chevaux du régiment de cavalerie installé, encore plus tard, au Quartier Rochambeau. Il reste encore quelques traces de ces venelles ou impasses;
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  • pour se déplacer, car ce réseau de canaux constitue de véritables voies de communication, ce sont des embarcadères qui ont été construits. Ils étaient aussi des points d'eau pratiques, parfois couverts. Dans le même but 19 ponts ou passerelles ont aussi vu le jour, autant pour sortir de la ville que pour circuler à l'intérieur; 
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  • pour libérer de l'espace constructible, quelques canaux ont été comblés ou couverts. C'est le cas des deux canaux des Cordeliers (ou du Calvaire) près du Pont Perrin qui figurent sur la carte mais n'existent plus, du Canal de l'Abbaye (ou Saint-Martin) qui est désormais en partie souterrain avant de devenir le Canal du Ponceau et de la Rivière de la Cormegaie dont le cours amont (du côté de la Rivière Saint-Jacques) est également couvert presque jusqu'à son confluent avec la Rivière du Pont Rondin à côté de la Chapelle Saint-Pierre-La-Motte;
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  • pour s'alimenter car les eaux du Loir ont toujours été poissonneuses. La pêche y a été artisanale, parfois quasi industrialisée et tirait profit des accès au Loir. Mais cela n'a pas exclu les particuliers de pêcher de chez eux, voire de s'aménager des quais ou pontons, en se servant de ces embarcadères pour aller pêcher en barque en de meilleurs endroits et poser filets et nasses;
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  • pour rincer son linge au fil de l'eau claire (même avant qu'il y ait des lessiveuses le lavage se faisait toujours à domicile). C'est ainsi que de nombreux lavoirs ont été construits, qu'ils soient privés (de particuliers ou de communautés comme le Couvent des Cordeliers) ou publics (lavoirs municipaux ou paroissiaux, comme ceux du Moulin Frabault ou de la Grève);
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  • pour l'industrie du cuir, importante à Vendôme, de nombreuses tanneries (gourmandes en eau) ont été implantées sur des berges du Loir, en aval pour ne pas polluer l'eau des habitants. Comme par exemple, celle qui jouxtait la chapelle Saint-Pierre-La-Motte dont il ne reste que deux cuves de tannage, les dernières visibles sur le domaine public;
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  • pour fournir la matière première indispensable, autant au tannage des peaux (moulins à tan) qu'à l'alimentation humaine ou animale (moulins à blé), ce sont donc des moulins qui ont barré le cours du Loir. Ce qui a parfois nécessité un rétrécissement du cours, la création de barrages et de canaux de dérivation.

Qui sait ouvrir les yeux en se promenant dans notre belle ville verra de nombreuses traces de ces interactions : canaux, rivières, ponts, "portes d'eau" dans les anciennes fortifications, barrages, moulins, lavoirs, embarcadères, impasses, venelles... Il pourra aussi les lire sur une carte ou un plan de la ville, mais rien ne vaudra jamais d'aller voir la réalité sur place en imaginant la vie des vendômois d'antan !

JfD

 


Notes

1- Les auteurs de la carte sont indiqués dans l'image elle-même. Elle a été reproduite de nombreuses fois dans divers articles ou ouvrages d'autres auteurs car elle est la plus complète connue, la plupart des autres (même très récentes) omettant certains canaux et îles. Elle n'est cependant pas exempte de quelques erreurs ou anachronismes (voir ci-dessous dans les sources).

2- Canal, bras ou rivière sont des termes utilisés semble-t-il sans une véritable logique, peut-être selon les usages populaires. Pour faciliter la localisation à partir du texte, le nommage utilisé sur la carte y a été conservé. Lorsqu'il s'agit de désigner génériquement un ou des cours du Loir, le terme canal a été préféré.

Sources

Le présent article résume des informations figurant dans les publications listées ci-dessous par ordre alphabétique d'auteur(s). Leur lecture complète est vivement conseillée à tous ceux que le sujet intéresse. Elles sont disponibles pour la plupart en téléchargement (liens indiqués). 

Dujardin (Paul), Plus mon Loir gaulois..., Société Archéologique du Vendômois, Bulletin 2003, pages 98 à 115. télécharger (pdf)

Lancelin (V.), Guillieux (Y.), Vendôme et le Loir, Mémoire de fin d’études d’architecture

Pasquier (Jean-Claude), Le Loir à Vendôme : une longue et passionnante histoire, Société Archéologique du Vendômois, Bulletin 2016, pages 77 à 84. télécharger (pdf)

Simon (Gaël), Espace et société à Vendôme du 11e au début du 19e s. : fonctionnement et fabrique d'une ville intermédiaire sur le temps long, Thèse de doctorat en archéologie de l'Université François-Rabelais de Tours. télécharger (pdf)

 

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